Courants d’être : Alors qu’elle y vivait encore, la maison, vide depuis le passage des déménageurs, commençait à lui manquer. La chambre surtout. Il lui restait deux jours à passer, camper, se disait-elle, avant de s’installer dans cet appartement neuf, blanc, sans histoire. Alors qu’ici. L’obscurité de la chambre recélait les émotions, en pellicules colorées qu’elle seule voyait. En vestiges d’ombres aériennes.
Elle avait décidé de partir de cet endroit qui lui rappelait tant de choses.
Cet appartement, lorsqu’ils l’avaient visité ensemble, c’est cette pièce qui les avait conquis. Une chambre à multiples entrées. Un endroit à apprivoiser, un endroit qu’ils allaient déguster, ils le savaient.
Ils l’avaient vue la première fois en plein jour. Elle leur avait semblé curieuse, presque inhabitable… Cette chambre, qui allait être leur lieu, de partage, d’échanges, non pas le seul lieu de leur demeure, mais le lieu désigné, les avait étonnés, presque rebutés.
Et puis, le téléphone portable de l’agent immobilier qui les accompagnait avait sonné. Il s’était excusé et s’était isolé dans une autre pièce.
Ils s’étaient alors par jeu, chacun positionné dans un des encadrements de portes, sachant chacun où ils étaient, mais ne pouvant se voir. Ils s’étaient amusés à chuchoter, à se dire des soupirs, à se chercher à tâtons de respirations sans se toucher. Ils avaient même décidé de fermer les yeux et d’avancer l’un vers l’autre, jusqu’à ce que la main de l’un ou de l’autre puisse toucher tangiblement la présence qu’ils n’avaient jamais, l’un et l’autre, oublié de ressentir.
Des pas dans le couloir les ramenèrent à la réalité, mais ce moment fort partagé les avait définitivement attachés à ce lieu.
A peine le commercial revenu, ils lui indiquèrent qu’ils prenaient l’appartement.
Cette pièce qui au départ les avait repoussés, allait devenir leur « antre ».
Une fois installés, ils continuèrent à y jouer, pas tous les jours, mais quand bon leur semblait. Parfois, elle s’habillait pour lui, il lui avait indiqué ce qu’elle devrait porter… Il l’attendait, dans la partie la plus sombre de la pièce, il se positionnait où bon lui semblait, sans le lui dire au préalable. Elle savait par quelle porte elle devait rentrer, elle savait qu’il l’espérait, les yeux en apnée avant qu’elle n’arrive, elle savait à quel point il aimait la regarder, elle sentait à quel point elle aimait qu’il la regarde…
Au bout d’un moment, elle appelait cela un « moment », elle n’avait jamais pu déterminer quand, cela changeait, n’avait rien d’une habitude, il se rapprochait d’elle, doucement, tout doucement, elle percevait d’abord ses pas feutrés, puis son souffle, son parfum aussi, tous ces indices lui faisaient ressentir par avance ses mains sur elle…
Elle ne savait jamais non plus où il allait la toucher, même si elle était déjà touchée en plein cœur, elle l’attendait, lui, ses doigts, ses mains, sa bouche, son corps tout entier, qui allait soudainement lui dire « je suis là ». Ils goûtaient le bonheur de leurs retrouvailles par tous leurs sens, ce n’était pas un dû, c’était une découverte sans cesse renouvelée. Elle retrouvait sa peau qu’elle connaissait si bien, mais qui lui avait déjà manqué, il retrouvait les courbes de son corps, sous ses paumes, qu’il avait perçues en ombres portées… Ils savaient aiguiser leurs perceptions et ne s’arrêtaient plus de vouloir ressentir encore et encore, doucement, par petites touches, comme on découvre une terre inconnue. Ils faisaient l’Amour, en permanence, rien qu’en se regardant… Mais pas seulement…
Elle ne sait pas aujourd’hui, alors qu’elle va bientôt quitter cet endroit si plein d’émotions, le pourquoi du comment… Elle sait qu’ils ne jouent plus, que le temps et eux-mêmes surtout ont laissé partir le rêve. Vivre encore en ce lieu n’est plus possible, cela n’a plus aucun sens. Il est parti ce matin, elle s’accorde deux jours de plus pour se repasser le film de leurs étreintes, pour en jouir encore…
Elle avait décidé de partir de cet endroit qui lui rappelait tant de choses.
Cet appartement, lorsqu’ils l’avaient visité ensemble, c’est cette pièce qui les avait conquis. Une chambre à multiples entrées. Un endroit à apprivoiser, un endroit qu’ils allaient déguster, ils le savaient.
Ils l’avaient vue la première fois en plein jour. Elle leur avait semblé curieuse, presque inhabitable… Cette chambre, qui allait être leur lieu, de partage, d’échanges, non pas le seul lieu de leur demeure, mais le lieu désigné, les avait étonnés, presque rebutés.
Et puis, le téléphone portable de l’agent immobilier qui les accompagnait avait sonné. Il s’était excusé et s’était isolé dans une autre pièce.
Ils s’étaient alors par jeu, chacun positionné dans un des encadrements de portes, sachant chacun où ils étaient, mais ne pouvant se voir. Ils s’étaient amusés à chuchoter, à se dire des soupirs, à se chercher à tâtons de respirations sans se toucher. Ils avaient même décidé de fermer les yeux et d’avancer l’un vers l’autre, jusqu’à ce que la main de l’un ou de l’autre puisse toucher tangiblement la présence qu’ils n’avaient jamais, l’un et l’autre, oublié de ressentir.
Des pas dans le couloir les ramenèrent à la réalité, mais ce moment fort partagé les avait définitivement attachés à ce lieu.
A peine le commercial revenu, ils lui indiquèrent qu’ils prenaient l’appartement.
Cette pièce qui au départ les avait repoussés, allait devenir leur « antre ».
Une fois installés, ils continuèrent à y jouer, pas tous les jours, mais quand bon leur semblait. Parfois, elle s’habillait pour lui, il lui avait indiqué ce qu’elle devrait porter… Il l’attendait, dans la partie la plus sombre de la pièce, il se positionnait où bon lui semblait, sans le lui dire au préalable. Elle savait par quelle porte elle devait rentrer, elle savait qu’il l’espérait, les yeux en apnée avant qu’elle n’arrive, elle savait à quel point il aimait la regarder, elle sentait à quel point elle aimait qu’il la regarde…
Au bout d’un moment, elle appelait cela un « moment », elle n’avait jamais pu déterminer quand, cela changeait, n’avait rien d’une habitude, il se rapprochait d’elle, doucement, tout doucement, elle percevait d’abord ses pas feutrés, puis son souffle, son parfum aussi, tous ces indices lui faisaient ressentir par avance ses mains sur elle…
Elle ne savait jamais non plus où il allait la toucher, même si elle était déjà touchée en plein cœur, elle l’attendait, lui, ses doigts, ses mains, sa bouche, son corps tout entier, qui allait soudainement lui dire « je suis là ». Ils goûtaient le bonheur de leurs retrouvailles par tous leurs sens, ce n’était pas un dû, c’était une découverte sans cesse renouvelée. Elle retrouvait sa peau qu’elle connaissait si bien, mais qui lui avait déjà manqué, il retrouvait les courbes de son corps, sous ses paumes, qu’il avait perçues en ombres portées… Ils savaient aiguiser leurs perceptions et ne s’arrêtaient plus de vouloir ressentir encore et encore, doucement, par petites touches, comme on découvre une terre inconnue. Ils faisaient l’Amour, en permanence, rien qu’en se regardant… Mais pas seulement…
Elle ne sait pas aujourd’hui, alors qu’elle va bientôt quitter cet endroit si plein d’émotions, le pourquoi du comment… Elle sait qu’ils ne jouent plus, que le temps et eux-mêmes surtout ont laissé partir le rêve. Vivre encore en ce lieu n’est plus possible, cela n’a plus aucun sens. Il est parti ce matin, elle s’accorde deux jours de plus pour se repasser le film de leurs étreintes, pour en jouir encore…
4 commentaires:
WOW ! Très fort.....Excellent ! On en reveut ! on en redemande ! Encore, ma Kat, encore !
Bises du soir
Nous savons tous que tu as du talent, mais ce style te sied à ravir
Oui, ce style te sied à ravir, Kat, et me plaît aussi à ravir... sourire
Continues, ma douce.
Et pour en revenir à tes mots, oui, qu'il doit être dur de rester en un lieu où l'on a connu et vécu des moments si intenses, mais qui, hélas, n'existent plus. Ce doit même être impossible...
Passe une douce nuit, Kat.
Je t'embrasse fort.
Anne : Je vais finir par rougir, il reste encore quelques textes dans mes tiroirs, après qui sait si je vais retrouver la route ?... Bises ma belle.
Philippe : Merci, merci pour tout, pour Toi.
Françoise : Je pense effectivement qu'il vaut mieux quitter des lieux trop liés à une période de la vie qui s'est achevée. Douce nuit à toi, je t'embrasse fort.
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