« De toi il me restera tes lèvres. Même si je perds la vue. » Elle venait de recevoir ces deux phrases, sur un bristol blanc. Pas de signature, une écriture reconnaissable. Dans un paquet contenant deux plaquettes de chocolat noir. Sur chacune, son origine : Sumatra, Guinée. Ils se connaissaient depuis trois jours, plutôt deux d’ailleurs. Pourquoi parler d’après, alors qu’il voulait lui parler d’hier et d’aujourd’hui ?
Enfin c’est ce qu’elle espérait…
Elle relisait ce carton, cette phrase, un cadeau dont elle se délectait. Elle la relut jusqu’à plus soif, elle la relirait, elle le savait, dès qu’elle en ressentirait le besoin, ce qui ne saurait tarder…
Elle aimait reconnaître son écriture, comme une signature. Il avait une façon très particulière d’écrire, presque illisible, il ne se donnait pas facilement, pensa-t-elle… Elle commença à réfléchir, à se dire qu’elle avait eu la chance de pouvoir lire un texte manuscrit de lui, par pur hasard, lors d’une de leurs trop rares rencontres. Elle se dit, en souriant, que tout cela il le savait aussi, et que si tel n’avait pas été le cas, il aurait trouvé un moyen pour que son message ne reste pas anonyme.
Ils s’étaient croisés dans un salon professionnel, ils travaillaient tous les deux, à des postes différents, dans le secteur du tourisme. Leurs stands n’étant pas très éloignés, à la fin de leur première journée de « voisinage », ils étaient allés boire un café…
Il lui avait ouvert des horizons lointains dissertant sans aucune emphase des saveurs de ce breuvage… Il avait poursuivi en lui demandant : «Aimez-vous le chocolat ? Et si oui, de quelle sorte ?».
Elle était au début amusée par ce personnage qui n’essayait pas d’emblée de la séduire, comme bien souvent en ce genre de circonstances. Elle lui répondit donc en souriant : « Je n’aime que le chocolat noir, un peu âpre, avec un goût qui persiste, sous condition aussi d’une finesse de la tablette, j’aime le chocolat noir et présenté en couche presque infime ».
Elle vit son sourire se répandre de sa bouche à ses yeux.
Ils éclatèrent ensemble de rire, confirmant simplement une complicité naissante.
Ils se quittèrent peu après, rappelés par leurs obligations.
Mais, depuis ce café chocolaté, ils se guettaient mutuellement.
Le salon durait quatre jours, ils partagèrent de beaux moments dès qu’ils le pouvaient. Et puis, la veille du jour où leurs routes allaient se séparer, il avait osé goûter à sa bouche, lui offrant la sienne… Ils avaient encore disserté un moment en riant du goût de ce fruit qu’ils venaient de partager. Elle lui disait que sa bouche était framboise, lui, lui trouvait un goût de cassis, ils s’embrassaient encore et encore, pour affiner leur perception de l’autre, sous couvert de flagrances à définir précisément.
Ce soir, donc, une hôtesse lui avait remit ce pli, et après avoir revisité leur histoire, elle percevait différemment sa phrase, il lui signifiait qu’il ne voulait pas qu’elle disparaisse de sa vie, même si demain leurs routes devaient logiquement se séparer.
Elle ouvrit le chocolat, vérifia que les dessins sur les tablettes étaient différents, cassa un carreau de chacune, les posa devant elle, puis ferma les yeux. Elle mélangea de ses doigts les morceaux, puis en porta un à sa bouche. Elle le cassa en deux de ses dents, reposa une moitié sur la table et garda l’autre en bouche. Puis Elle laissa le chocolat d’abord poser entre sa langue et son palais, afin qu’il libère ses arômes, qu’il commence un peu à prendre place en elle, elle se résigna à le croquer doucement, sentant la brisure, puis chaque parcelle qui livrait à nouveau son lot de parfums épicés, doux et âpres à la fois.
Elle s’était lancé un défi, bête peut être, comme si elle souhaitait que le sort en décide pour elle, elle aurait pu lancer une pièce en l’air, mais ce défi là était lié à leur début d’histoire. Donc, elle devait reconnaître son origine, Sumatra ou Guinée.
Si elle passait ce test, elle lui redonnerait sa bouche, elle savourerait à nouveau la sienne, ils se dégusteraient mutuellement.
Elle prenait un risque avec ce pari imbécile, mais elle était persuadée qu’elle allait trouver et qu’ainsi elle donnait en gage des saveurs qu’ils partageraient et dont ils se délecteraient...
Enfin c’est ce qu’elle espérait…
Elle relisait ce carton, cette phrase, un cadeau dont elle se délectait. Elle la relut jusqu’à plus soif, elle la relirait, elle le savait, dès qu’elle en ressentirait le besoin, ce qui ne saurait tarder…
Elle aimait reconnaître son écriture, comme une signature. Il avait une façon très particulière d’écrire, presque illisible, il ne se donnait pas facilement, pensa-t-elle… Elle commença à réfléchir, à se dire qu’elle avait eu la chance de pouvoir lire un texte manuscrit de lui, par pur hasard, lors d’une de leurs trop rares rencontres. Elle se dit, en souriant, que tout cela il le savait aussi, et que si tel n’avait pas été le cas, il aurait trouvé un moyen pour que son message ne reste pas anonyme.
Ils s’étaient croisés dans un salon professionnel, ils travaillaient tous les deux, à des postes différents, dans le secteur du tourisme. Leurs stands n’étant pas très éloignés, à la fin de leur première journée de « voisinage », ils étaient allés boire un café…
Il lui avait ouvert des horizons lointains dissertant sans aucune emphase des saveurs de ce breuvage… Il avait poursuivi en lui demandant : «Aimez-vous le chocolat ? Et si oui, de quelle sorte ?».
Elle était au début amusée par ce personnage qui n’essayait pas d’emblée de la séduire, comme bien souvent en ce genre de circonstances. Elle lui répondit donc en souriant : « Je n’aime que le chocolat noir, un peu âpre, avec un goût qui persiste, sous condition aussi d’une finesse de la tablette, j’aime le chocolat noir et présenté en couche presque infime ».
Elle vit son sourire se répandre de sa bouche à ses yeux.
Ils éclatèrent ensemble de rire, confirmant simplement une complicité naissante.
Ils se quittèrent peu après, rappelés par leurs obligations.
Mais, depuis ce café chocolaté, ils se guettaient mutuellement.
Le salon durait quatre jours, ils partagèrent de beaux moments dès qu’ils le pouvaient. Et puis, la veille du jour où leurs routes allaient se séparer, il avait osé goûter à sa bouche, lui offrant la sienne… Ils avaient encore disserté un moment en riant du goût de ce fruit qu’ils venaient de partager. Elle lui disait que sa bouche était framboise, lui, lui trouvait un goût de cassis, ils s’embrassaient encore et encore, pour affiner leur perception de l’autre, sous couvert de flagrances à définir précisément.
Ce soir, donc, une hôtesse lui avait remit ce pli, et après avoir revisité leur histoire, elle percevait différemment sa phrase, il lui signifiait qu’il ne voulait pas qu’elle disparaisse de sa vie, même si demain leurs routes devaient logiquement se séparer.
Elle ouvrit le chocolat, vérifia que les dessins sur les tablettes étaient différents, cassa un carreau de chacune, les posa devant elle, puis ferma les yeux. Elle mélangea de ses doigts les morceaux, puis en porta un à sa bouche. Elle le cassa en deux de ses dents, reposa une moitié sur la table et garda l’autre en bouche. Puis Elle laissa le chocolat d’abord poser entre sa langue et son palais, afin qu’il libère ses arômes, qu’il commence un peu à prendre place en elle, elle se résigna à le croquer doucement, sentant la brisure, puis chaque parcelle qui livrait à nouveau son lot de parfums épicés, doux et âpres à la fois.
Elle s’était lancé un défi, bête peut être, comme si elle souhaitait que le sort en décide pour elle, elle aurait pu lancer une pièce en l’air, mais ce défi là était lié à leur début d’histoire. Donc, elle devait reconnaître son origine, Sumatra ou Guinée.
Si elle passait ce test, elle lui redonnerait sa bouche, elle savourerait à nouveau la sienne, ils se dégusteraient mutuellement.
Elle prenait un risque avec ce pari imbécile, mais elle était persuadée qu’elle allait trouver et qu’ainsi elle donnait en gage des saveurs qu’ils partageraient et dont ils se délecteraient...
9 commentaires:
j'adore le chocolat noir...
Tu nous mets l'eau (ou le chocolat noir)à la bouche ! Aurais-tu retrouvé les mots ?
Splendide, Kat, splendide !
La suite, je veux la suite !... sourire
Dis donc, je découvre une autre Kat ce soir, et elle me plaît bien aussi... ;-)
Douce nuit, ma belle.
Je t'embrasse fort.
N'avez-vous pas lu
Délicieux quatre mains
Jorge : Alors nous sommes au moins deux...
Philippe : Tant mieux, quant à mes mots, je puise dans des textes écrits il y a quelques temps. Tu es donc très fort, j'ai retrouvé mes mots... Sourire
Françoise : Heureuse que tu aimes, flattée même par ton enthousiasme. Pas de suite écrite à ce moment là, donc pas de suite. Douce nuit à toi, je t'embrasse fort.
Philippe : Quand je disais que tu es très fort, ces textes sont de la même période.
ouf ! enfin 5 minutes pour réussir à te lire, ma Kat tu as dû te demander où je restais !
Ce texte est purement MAGNIFIQUE !
On part, c'est magique ! Je t'ai lu depuis chez les amis chez qui j'étais, qui ont trouvé aussi très jolie ce récit - ah, continues !
bises ma Kat, je t'envoie un sourire !
Anne, je savais que tu reviendrais, je prends ton sourire et te donne le mien. Merci pour ton appréciation, j'ai bien fait de "sortir" ces textes, retrouver mes mots comme l'a dit Philippe. Bises du soir pour toi.
Je veux la fuite.
Je veux la flûte.
Je la veux, flûte !
Voici le début d'un grand roman, un chocolat au début, un autre à la fin. Il ne manque que le milieu.
Bon travail, écris veines.
A fleurs de peau : Je ne crois pas que j'en rajouterai, c'est bien déjà d'avoir donné l'envie de plus. Merci de tes appréciations qui me touchent.
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