samedi 31 octobre 2009

La machine à écrire...

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La machine à écrire…
Joli nom, plein de contradictions…
La machine n’écrit pas…
Ecrire,
C’est composer un texte,
La machine compose des mots…
Sous l’impulsion de doigts appliqués…
Qui leur donnent vie
Ou les retranscrivent.
En frappant
Sur ce genre d’instrument,
J’aime le bruit des lettres
Qui sortent de la corbeille une à une,
Encrée par le ruban,
De leur empreinte
Elles marquent le papier,
Puis retombent.
Alphabet bien dressé,
En représentation
Dans le cirque Royal
Catapulte d’idées ou de rêves,
Qui deviennent lisibles…
Audibles donc,
Un piano des mots…

mercredi 28 octobre 2009

"Je" de rôle...

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« Je » de rôle…
Pas drôle…
L’enfance garde en mémoire,
Aussi des moments
De grande solitude…
Le fou du roi,
Mis en échec…
Il en a marre de faire rire,
Ou, peut-être,
N’a-t-il justement
Pas fait rire…
Dans les deux cas,
Il se renferme,
S’isole dans ce « par-dessus »
Qui lui conférait
Une certaine superbe…
Il ne bouge plus une oreille,
Refusant d’égayer
D’un son de clochette
Sa bouderie douloureuse…

mardi 27 octobre 2009

Retrouver l'émerveillement...

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Retrouver l’émerveillement,
J’allais écrire reprendre,
Juste renouer avec,
Il n’a jamais été perdu…
Il somnolait…
L’émerveillement de l’enfance,
Une cabane sur la plage,
Construite patiemment…
Ses murs symboliques
S’appliquent à laisser passer l’air du large…
Sa terrasse a les pieds dans l’eau,
Son toit,
La nuit
Ouvre sur la voie lactée…
Et le jour,
Elle est un monde
Où tant d’aventures se jouent,
L’imaginaire de l’enfance
Et ses…
« On dirait que je serais… »

dimanche 25 octobre 2009

Association d'idées...

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Association d’idées…
Comme un bout de fil
Qui vous ramène à la bobine…
Là, je suis plutôt partie de la bobine…
Cette image,
Moitié de visage…
J’ai songé à Jeanne qui rie
Et Jeanne qui pleure…
De l’autre côté,
Son cou est-il bordé de chardons ?
Ce que nous montrons,
N’est pas exactement ce que nous ressentons…
Tout ne peut être extériorisé…
Pudeur ou jardin secret,
Politesse ou diplomatie…
Nous sommes seuls,
Chacun,
A tout savoir de nous…

Le fil m’a amenée
A repenser à Annie Lennox
Et à ce très beau cd qu’une amie m’a offert
(Pas de vidéo officielle de disponible,
Mais j’adore cette chanson)

mercredi 21 octobre 2009

Un certain temps...

Un certain temps que je n’écris pas au jour le jour… Que je rends visible des textes sortis d’un tiroir… Ils sont révélateurs à plusieurs titres. J’ai eu plaisir à les mettre « en lumière », les redécouvrant moi-même.

Mes mots sont capricieux, j’aime écrire mais j’ai souvent du mal à le faire. Peut-être parce que j’ai du mal avec la « création ». J’ai besoin d’un support, les photos en sont un. Elles m’inspirent des textes brefs, comme je l’ai souvent fait ici.

Je suis sans doute un peu faible, dans le sens du lierre, j’ai du mal à me hisser seule, j’ai besoin d’un chemin, ou plutôt d’une gare de départ, sourire, le chemin de faire…

Après, je ne construis rien, je laisse mes doigts transcrire mes pensées en direct, je ne reviens que sur la forme, jamais sur le fond.

Je ne sais pas pourquoi je vous dis cela, j’avais sans doute besoin de conclure ces « Echanges de couleurs », pour pouvoir passer à autre chose, peut être…

Cette photo, qui image mon propos, est symbolique, l’ombre de l’inspiration…

lundi 19 octobre 2009

Echange de couleurs (12)... The last...

« Il faisait déjà jour. Que faisons-nous dans cette pièce sordide ? Parce que ce qui nous était arrivé, je m’en souvenais, même si c’était par bribes. Qu’attendait-elle, ma belle rousse ? Enfin, était-elle bien la mienne ? »

Je lisais ses mots, mystérieux dans leur association, qu’il venait de m’envoyer, accompagnés de cette photo… Je m’imaginais avoir vécu la scène à laquelle il faisait allusion, j’avais du mal à voir une autre silhouette que la mienne en illustration. Cependant, il avait créé le cœur de l’histoire… Peut-être aurait-il dû écrire (« dû » ne sonnant pas dans mon esprit comme un reproche ou une correction de ses mots) « Que faisions-nous dans cette pièce sordide ? ». Un « i » qui change tout. Il aurait confirmé, ou concédé, par le temps du verbe, qu’il était en train de projeter autrement ce que nous pourrions vivre. Comme un rêve, extérieur, une vision, une allégorie...

Il ne nous était rien arrivé dans cette pièce sordide, nous n’aurions pas pu, d’un commun accord, nous y attarder…

A moins que…

Nous nous soyons retrouvés ici, mus par une soif mutuelle du corps de l’autre.

Marchant dans la rue, nous embrassant à fleur de bouche ou plus profondément, nous effleurant le corps de nos mains insistantes, ses doigts soulevant ma robe pour s’insinuer en moi, discrètement… Juste comme un essai, juste pour me donner l’envie ou l’audace de me plaquer contre un mur, de lui dire de mes yeux, viens te coller contre moi, viens…

Et puis, sentir son envie de moi, concrètement, tout près de mes cuisses, entre elles… Nos désirs se répondant en échos qui allaient crescendo… Nous aurions trouvé une allée, nous nous y serions engouffrés pour nous cacher un peu, puis une porte ouverte, une pièce vide, et cette soif grandissante, nous n’aurions pas regardé le décor, il n’y aurait eu que des corps vivants, palpitants, en manque l’un de l’autre, avec un besoin de se toucher, de se fondre, de s’oublier, de s’appartenir et de se partager...

Oui tout ceci aurait pu arriver et bien plus encore… Ce n’est pas le cas, nous ne nous sommes pas rencontrés, mais je sais que tout peut encore nous arriver.

Maintenant, j’essaie de lire tout ce que cette photo qu’il a choisie veut ou peut vouloir dire pour moi. Cette femme, isolée semble-t-il volontairement dans l’angle d’une pièce, s’accroche à ce mur… Elle s’est rapprochée de la fenêtre aux carreaux cassés, elle se met en lumière, non consciemment, mais cependant. Elle prend l’air, mais pas de manière légère… Elle est nue, mais c’est sa présence qui l’emporte. Elle n’est pas ostensiblement nue, elle est à la fenêtre… Elle appelle des bras tout en se prenant dans les siens, elle est contradiction. Elle attend sans doute qu’il se rapproche doucement, sans la brusquer. Qu’il sente que sa peau n’est pas protégée, fragile, perméable… mais très sensible… Elle l’attend, Lui, elle n’est pas Sa belle rousse, elle est femme, sentiments, sensualité, fragilité, tristesse aussi parfois… Sa posture est un cri muet qui dit « Regardes moi… Et viens vers moi doucement, mais viens vers moi ».

dimanche 18 octobre 2009

Echange de couleurs (11)

Lignes et volumes, on arrive à se perdre. En s’allongeant, le corps offre des circuits à parcourir, des appuis qui renversent les perspectives. Pendant ce temps, l’esprit part et propose des propres chemins, moins sensuels, parfois plus surprenants. Que faire quand l’esprit rejoint le corps pour donner de l’imagination à la sensualité ?

D’ailleurs, en fait, est-ce l’esprit qui rejoint le corps ou l’inverse ?

Ils sont étroitement liés…

Le corps est à la fois émetteur et récepteur, il fait caisse de résonance quand l’esprit imagine, il met en musique, il frissonne, il dit le désir…Les pensées prennent corps…

L’esprit garde en mémoire les souvenirs de la peau, les étreintes qui en deviennent inoubliables, les extases passés, telle un bibliothécaire dévoué…

Il est parfois aussi des mélanges de genre, où l’esprit teinte l’histoire de nuances particulières, corps et âme se répondent et s’éclairent… Des mots ouvrent des portes dont les clefs semblaient à jamais égarées, des rituels s’imposent comme des évidences, le corps palpite à l’unisson de ces pas réciproques, commençant à vibrer bien avant d’être touché.

vendredi 16 octobre 2009

Echange de couleurs (10)

« Deviens toi-même et autre à la fois. » Ce défi qu’il lui avait lancé, elle le relevait. En lui montrant dès qu’elle en avait l’occasion. Elle se rappelle.

Elle aimait les défis qu’il lui lançait, c’était un jeu entre eux. Elle prenait plaisir à relire ses mots, à travers eux elle le cherchait et le trouvait souvent. Elle aimait aussi ce qu’il avait préparé pour elle, elle savait que chaque mot était pesé, était une attention à elle. Il posait des cailloux pour la mener, si elle le souhaitait bien sûr, sur la route qui serait « Leur ». Il était à son écoute, il lui disait même comprendre ses respirations au téléphone.

« Deviens toi-même et autre à la fois »… Elle s’étonnait de la capacité qu’il avait à lire en elle. Elle avait envie de lui dévoiler ses angles qui éclairaient ses rondeurs, d’éclairer pour lui les vitraux de son âme…

Elle regardait cette photo qui avait accompagné ses mots. Femme tatouée, d’ombres et de lumières, peinture d’un corps dont les courbes s’imposaient en toile de fond…

Il l’avait comprise, il était découvreur du trésor secret qu’elle cachait en elle… Spéléologue de ses pensées, il avait réussi à entrouvrir une porte, elle était sur le seuil, lui souhaita bienvenue et s’ouvrit à lui…

jeudi 15 octobre 2009

Echange de couleurs (9)

Pourquoi ne pas s’offrir ce que l’on désire lorsque le désir vous prend ?

Pourquoi ne pas se laisser aller à soi ? S’accorder des temps de répit, des moments précieux, attendus, comme il est si naturel souvent de le faire pour les autres. Se donner du plaisir, s’en délecter, s’en nourrir, recharger les batteries internes, céder au vent de folie qui parfois nous effleure…

Il est si facile de trouver des raisons de ne pas le faire, la plus banale étant «ça ne se fait pas», tout est dit, prouvé, sans aucun argument. Et puis si « ça ne se fait pas », oser transgresser serait presque culpabilisant…

J’imagine le moment où elle a décidé de se baigner dehors dans cette grande bassine, cette baignoire improvisée… J’imagine l’instant où cette idée a germé dans son esprit, le sourire qui a dû pointer sur ses lèvres, du genre « même pas cap ! ». Son empressement à se déshabiller avant de trop réfléchir… Elle en a gardé ses chaussures… Et là, elle goûte le bien être espéré, le soleil sur sa peau, la fraîcheur de l’eau qui la caresse, et aussi son audace dont elle est fière

mercredi 14 octobre 2009

Echange de couleurs (8)

« La sieste. Il fait chaud. Se lever ou se donner le temps, sans dormir à nouveau ? Faire de ce moment calme, quelques bruits de vie au loin, étouffés, un havre de douceur. Laisser les pensées se dire. Les susciter. »

Elle se questionnait… Elle s’amusait souvent à se parler à elle-même comme si elle conversait avec d’autres… Parfois, elle le faisait en silence, dialoguant mentalement… Parfois, elle aimait aussi le faire à voix haute, elle y mettait le ton, l’interrogation était bien présente, ses réponses n’en étaient que plus nécessaires.

Ce jour là, elle s’était accordée du temps à elle. Elle avait pris un bain en plein après-midi… Elle avait pris aussi plaisir à se dévêtir de sa robe légère en écoutant le bruit de l’eau qui remplissait la baignoire. Elle avait versé des sels de bain parfumés, elle aimait l’odeur qu’ils répandaient peu à peu au fil de leur dissolution… Relevant légèrement ses cheveux pour s’en servir de petit oreiller, elle avait touché du pied ce liquide qui allait l’enrober, ni trop chaud, ni trop froid… puis s’y était glissée voluptueusement, tentant de percevoir le contact avec sa peau, cette immersion douce et câline qu’elle s’accordait. Elle avait fermé les yeux et s’était amusée à bouger légèrement, à percevoir les vaguelettes qui se formaient et venaient affleurer ici ou là sur son corps. Les ondes, imperceptibles d’ordinaire, lui devenaient présentes, caressantes. Elle resta un long moment, puis sortit doucement et se drapa d’une grande serviette moelleuse. Elle se dirigea vers son lit et s’y blottit… Elle avait dû s’endormir, sans vraiment le vouloir. Elle ouvrit les yeux, sans savoir depuis combien de temps elle s’était assoupie.

Et donc elle se questionnait… « Se lever ou se donner le temps, sans dormir à nouveau ? ». Elle sourit de ce jeu de mots qu’elle avait perçu possible et qui l’étonna. Comme elle l’avait fait dans le bain, elle prit plaisir à fermer à nouveau les yeux, à aiguiser ses ressentis, la fraîcheur du drap qui finissait assez vite par s’estomper, les plis du tissu qui s’insinuaient discrètement contre sa peau, elle se prit à imaginer des mains douces, furtives, omniprésentes qui découvraient son corps, elle pensa à lui, joua à l’imaginer présent, elle porta son poignet gauche près de son visage, respira doucement, son parfum était toujours perceptible…

mardi 13 octobre 2009

Echange de couleurs (7)

« Quand tu me connaîtras, tu sauras que tout peut s’effondrer autour de moi. Je reste moi, femme résolue et désirable. De quoi seras-tu capable alors ? »Sans emphase ni défi, avec un sourire entre l’inquiétude et le plaisir, elle venait de lui dire cela. Ils se connaissaient depuis assez peu de temps. Leurs intimités venaient de s’harmoniser.

Elle avait eu besoin de lui dire, de se dire à lui. De lui signifier que leur lien ne serait jamais prison, qu’il ne lui devait rien, qu’elle ne lui demanderait rien… Elle voulait qu’il comprenne que ce qu’ils vivraient ensemble ne dépendait que d’eux, individuellement, comme deux mèches qui se mélangent pour devenir tresse.

Elle lui rendait sa liberté par avance, mieux elle ne lui prendrait jamais. Il serait libre d’elle, et le sachant il goûterait encore mieux leurs partages.
Il n’y avait rien de fataliste dans cette phrase « tout peut s’effondrer autour de moi… », rien de l’indifférence non plus, bien au contraire. Juste une vision différente de la vie et des relations humaines, juste, surtout même, la conscience que personne n’appartient à personne, que se donner à l’autre est un acte qui se doit d’être répété, confirmé, avec appétence, désir, envie…

Elle lui offrait son corps et son âme à nu…

lundi 12 octobre 2009

Echange de couleurs (6)

Le regard fait exister. L’une se détourne de la vie, l’autre interroge sur la vie. La nudité du regard interroge de sa sincérité fermement posée, stable dans l’incertitude, désir de lucidité reposant sur une responsabilité de soi. Je suis celle qui cherche, sans peur, pour donner du sens. Un sens qui viendra de moi.

Elle avait osé se présenter nue dans cette salle de musée… Improbable situation… Peut-être était-elle en train de la rêver… Qu’importe…

Elle voulait rencontrer la Femme de ce tableau, Elle la touchait, lui parlait, malgré le silence et l’immobilisme imposés par la toile.

Elle avait pensé qu’il serait plus simple, pour converser avec Elle, qu’elle soit à pied d’égalité, nues. Pour effacer aussi le temps qui passe. Plus de discernement d’époque, juste deux femmes, deux corps…

C’est vrai que la salle de musée était moins protectrice que le décor dans lequel l’Autre paraissait. Mais elle considéra qu’elle lui laissait ce « confort » eu égard à sa patience, elle avait attendu depuis des temps et des temps sa venue.

Elle (mais de qui parle-t-on ?) espérait que son regard vienne accoster le sien.

Elle ne savait pas, dans ce qui se confirme être un rêve, quand l’Autre cesserait de se détourner d’elle.

Maintenant, peu lui importait, elle était venue, nue, elle L’avait caressée du regard, lui avait signifié par sa présence sa reconnaissance, elle pouvait repartir, la tête haute, réconciliée avec elle-même, elle s’était retrouvée, Elle… Femme…

dimanche 11 octobre 2009

Echange de couleurs (5)

Une chose s’imposait maintenant à son esprit, ou à ses émotions. A ses émotions plutôt. Oui, à ses émotions. Retrouver la femme en elle. Enfin renoncer à la féminité de politesse.

Elle passait ses journées à sembler, non pas à paraître, ce serait injuste de l’écrire ainsi. A sembler, ou assemblée ?... La question est plus juste… Elle répondait à toutes les demandes, elle était celle, sans doute parce que justement elle répondait (et non pas parce qu’elle répondait forcément justement), à qui l’on posait toutes les questions. Que ce soit dans son milieu professionnel ou familial, « on » devait la penser de bon conseil. Elle percevait tout cela de manière ambiguë. Elle se sentait très souvent envahie, mais sans doute, avait-elle depuis toute petite « cultivé » cette caractéristique, elle s’était rendue utile. On ne supporte des situations difficiles que parce qu’en contrepartie, elles nous apportent quelque chose.

Au fil du temps, elle avait de moins en moins besoin de servir à quelque chose, elle avait conscience de sa vie et de sa valeur, conscience qu’elle ne devait rien, qu’elle devait juste vivre pleinement, accepter de se laisser résonner…

Ce soir là, après avoir rempli toutes ses obligations, tous ses devoirs, après avoir désaltéré son empathie, elle avait soif d’être elle-même.

Elle enleva tous les vêtements qui l’avaient accompagnée dans son périple, prit une douche, caressa son corps d’une crème onctueuse, en détaillant chaque parcelle sous ses mains, comme pour leur signifier son attachement, elle se disait en fait à elle-même qu’elle était attentive pas seulement aux autres. Puis, comme pour se reconnaître le privilège d’être femme, elle s’amusa à enfiler des bas résilles… Juste pour elle…

samedi 10 octobre 2009

Echange de couleurs (4)

Courants d’être : Alors qu’elle y vivait encore, la maison, vide depuis le passage des déménageurs, commençait à lui manquer. La chambre surtout. Il lui restait deux jours à passer, camper, se disait-elle, avant de s’installer dans cet appartement neuf, blanc, sans histoire. Alors qu’ici. L’obscurité de la chambre recélait les émotions, en pellicules colorées qu’elle seule voyait. En vestiges d’ombres aériennes.

Elle avait décidé de partir de cet endroit qui lui rappelait tant de choses.

Cet appartement, lorsqu’ils l’avaient visité ensemble, c’est cette pièce qui les avait conquis. Une chambre à multiples entrées. Un endroit à apprivoiser, un endroit qu’ils allaient déguster, ils le savaient.

Ils l’avaient vue la première fois en plein jour. Elle leur avait semblé curieuse, presque inhabitable… Cette chambre, qui allait être leur lieu, de partage, d’échanges, non pas le seul lieu de leur demeure, mais le lieu désigné, les avait étonnés, presque rebutés.

Et puis, le téléphone portable de l’agent immobilier qui les accompagnait avait sonné. Il s’était excusé et s’était isolé dans une autre pièce.

Ils s’étaient alors par jeu, chacun positionné dans un des encadrements de portes, sachant chacun où ils étaient, mais ne pouvant se voir. Ils s’étaient amusés à chuchoter, à se dire des soupirs, à se chercher à tâtons de respirations sans se toucher. Ils avaient même décidé de fermer les yeux et d’avancer l’un vers l’autre, jusqu’à ce que la main de l’un ou de l’autre puisse toucher tangiblement la présence qu’ils n’avaient jamais, l’un et l’autre, oublié de ressentir.

Des pas dans le couloir les ramenèrent à la réalité, mais ce moment fort partagé les avait définitivement attachés à ce lieu.

A peine le commercial revenu, ils lui indiquèrent qu’ils prenaient l’appartement.

Cette pièce qui au départ les avait repoussés, allait devenir leur « antre ».

Une fois installés, ils continuèrent à y jouer, pas tous les jours, mais quand bon leur semblait. Parfois, elle s’habillait pour lui, il lui avait indiqué ce qu’elle devrait porter… Il l’attendait, dans la partie la plus sombre de la pièce, il se positionnait où bon lui semblait, sans le lui dire au préalable. Elle savait par quelle porte elle devait rentrer, elle savait qu’il l’espérait, les yeux en apnée avant qu’elle n’arrive, elle savait à quel point il aimait la regarder, elle sentait à quel point elle aimait qu’il la regarde…

Au bout d’un moment, elle appelait cela un « moment », elle n’avait jamais pu déterminer quand, cela changeait, n’avait rien d’une habitude, il se rapprochait d’elle, doucement, tout doucement, elle percevait d’abord ses pas feutrés, puis son souffle, son parfum aussi, tous ces indices lui faisaient ressentir par avance ses mains sur elle…

Elle ne savait jamais non plus où il allait la toucher, même si elle était déjà touchée en plein cœur, elle l’attendait, lui, ses doigts, ses mains, sa bouche, son corps tout entier, qui allait soudainement lui dire « je suis là ». Ils goûtaient le bonheur de leurs retrouvailles par tous leurs sens, ce n’était pas un dû, c’était une découverte sans cesse renouvelée. Elle retrouvait sa peau qu’elle connaissait si bien, mais qui lui avait déjà manqué, il retrouvait les courbes de son corps, sous ses paumes, qu’il avait perçues en ombres portées… Ils savaient aiguiser leurs perceptions et ne s’arrêtaient plus de vouloir ressentir encore et encore, doucement, par petites touches, comme on découvre une terre inconnue. Ils faisaient l’Amour, en permanence, rien qu’en se regardant… Mais pas seulement…

Elle ne sait pas aujourd’hui, alors qu’elle va bientôt quitter cet endroit si plein d’émotions, le pourquoi du comment… Elle sait qu’ils ne jouent plus, que le temps et eux-mêmes surtout ont laissé partir le rêve. Vivre encore en ce lieu n’est plus possible, cela n’a plus aucun sens. Il est parti ce matin, elle s’accorde deux jours de plus pour se repasser le film de leurs étreintes, pour en jouir encore…

vendredi 9 octobre 2009

Echange de couleurs (3)

« De toi il me restera tes lèvres. Même si je perds la vue. » Elle venait de recevoir ces deux phrases, sur un bristol blanc. Pas de signature, une écriture reconnaissable. Dans un paquet contenant deux plaquettes de chocolat noir. Sur chacune, son origine : Sumatra, Guinée. Ils se connaissaient depuis trois jours, plutôt deux d’ailleurs. Pourquoi parler d’après, alors qu’il voulait lui parler d’hier et d’aujourd’hui ?

Enfin c’est ce qu’elle espérait…

Elle relisait ce carton, cette phrase, un cadeau dont elle se délectait. Elle la relut jusqu’à plus soif, elle la relirait, elle le savait, dès qu’elle en ressentirait le besoin, ce qui ne saurait tarder…

Elle aimait reconnaître son écriture, comme une signature. Il avait une façon très particulière d’écrire, presque illisible, il ne se donnait pas facilement, pensa-t-elle… Elle commença à réfléchir, à se dire qu’elle avait eu la chance de pouvoir lire un texte manuscrit de lui, par pur hasard, lors d’une de leurs trop rares rencontres. Elle se dit, en souriant, que tout cela il le savait aussi, et que si tel n’avait pas été le cas, il aurait trouvé un moyen pour que son message ne reste pas anonyme.

Ils s’étaient croisés dans un salon professionnel, ils travaillaient tous les deux, à des postes différents, dans le secteur du tourisme. Leurs stands n’étant pas très éloignés, à la fin de leur première journée de « voisinage », ils étaient allés boire un café…

Il lui avait ouvert des horizons lointains dissertant sans aucune emphase des saveurs de ce breuvage… Il avait poursuivi en lui demandant : «Aimez-vous le chocolat ? Et si oui, de quelle sorte ?».

Elle était au début amusée par ce personnage qui n’essayait pas d’emblée de la séduire, comme bien souvent en ce genre de circonstances. Elle lui répondit donc en souriant : « Je n’aime que le chocolat noir, un peu âpre, avec un goût qui persiste, sous condition aussi d’une finesse de la tablette, j’aime le chocolat noir et présenté en couche presque infime ».

Elle vit son sourire se répandre de sa bouche à ses yeux.

Ils éclatèrent ensemble de rire, confirmant simplement une complicité naissante.

Ils se quittèrent peu après, rappelés par leurs obligations.

Mais, depuis ce café chocolaté, ils se guettaient mutuellement.

Le salon durait quatre jours, ils partagèrent de beaux moments dès qu’ils le pouvaient. Et puis, la veille du jour où leurs routes allaient se séparer, il avait osé goûter à sa bouche, lui offrant la sienne… Ils avaient encore disserté un moment en riant du goût de ce fruit qu’ils venaient de partager. Elle lui disait que sa bouche était framboise, lui, lui trouvait un goût de cassis, ils s’embrassaient encore et encore, pour affiner leur perception de l’autre, sous couvert de flagrances à définir précisément.

Ce soir, donc, une hôtesse lui avait remit ce pli, et après avoir revisité leur histoire, elle percevait différemment sa phrase, il lui signifiait qu’il ne voulait pas qu’elle disparaisse de sa vie, même si demain leurs routes devaient logiquement se séparer.

Elle ouvrit le chocolat, vérifia que les dessins sur les tablettes étaient différents, cassa un carreau de chacune, les posa devant elle, puis ferma les yeux. Elle mélangea de ses doigts les morceaux, puis en porta un à sa bouche. Elle le cassa en deux de ses dents, reposa une moitié sur la table et garda l’autre en bouche. Puis Elle laissa le chocolat d’abord poser entre sa langue et son palais, afin qu’il libère ses arômes, qu’il commence un peu à prendre place en elle, elle se résigna à le croquer doucement, sentant la brisure, puis chaque parcelle qui livrait à nouveau son lot de parfums épicés, doux et âpres à la fois.

Elle s’était lancé un défi, bête peut être, comme si elle souhaitait que le sort en décide pour elle, elle aurait pu lancer une pièce en l’air, mais ce défi là était lié à leur début d’histoire. Donc, elle devait reconnaître son origine, Sumatra ou Guinée.

Si elle passait ce test, elle lui redonnerait sa bouche, elle savourerait à nouveau la sienne, ils se dégusteraient mutuellement.

Elle prenait un risque avec ce pari imbécile, mais elle était persuadée qu’elle allait trouver et qu’ainsi elle donnait en gage des saveurs qu’ils partageraient et dont ils se délecteraient...

jeudi 8 octobre 2009

Echange de couleurs (2)

Faut-il se fuir ? Accepter que l’on soit toujours au-delà de soi ? Reconnaître que personne ne saura qui l’on est, pas même soi ? A ces questions qu’elle se pose, elle répond par une pose. Peut-être parce qu’elle ne peut pas s’encadrer.Elle avait eu souvent tendance à se fuir, à se fuir ou à trop se chercher ? L’un pouvant mener à l’autre et réciproquement.

Elle se cherchait et se fuyait déjà dans les miroirs… Parfois, au hasard, elle trouvait à ses yeux une image d’elle qui lui convenait, parfois elle ne pouvait plus se voir.

Elle avait croisé sur sa route des personnes qui lui avaient donné des regards différents. Elle avait pris confiance à travers eux. Elle s’était apprivoisée elle-même, avait pris goût à se découvrir un certain charme. Elle avait cessé de se maltraiter inutilement.

Aujourd’hui, elle sait que rien ni personne n’est parfait, mais que tout a un sens et une raison d’être. Elle a encore du mal à s’encadrer, se dit-elle en souriant, elle n’aime pas être encadrée, ceci doit expliquer cela...

mercredi 7 octobre 2009

Echange de couleurs (1)

Le sommeil est un refuge, un repos, une attente. Un moment à soi sans soi, pour soi. Elle se donne du temps pour laisser son corps accomplir cette espèce de tendresse de l’abandon.

Elle est fatiguée, plutôt lasse, très lasse. Une sensation de ne même pas pouvoir dormir, d’avoir plutôt envie de fuir.

Elle s’allonge, puis se laisse submerger par des pensées perturbantes, noires, qui n’en finissent pas dans la spirale négative. Elle use alors d’un « truc » que lui avait « enseigné » sa mère, « tirer le rideau », il suffisait de fermer les yeux, d’imaginer descendre un rideau de fer et de se concentrer sur lui, sans penser à rien d’autre, se concentrer sur le noir, quand la lumière est éteinte et les paupières fermées. Cela fonctionne, après quelques secondes d’application, l’esprit lâche, elle s’endort.

Comme un monde parallèle, son sommeil lui ouvre d’autres portes, facilement, elle est bien, flotte, regarde de belles choses, vit des aventures passionnantes.

Ce qu’elle aime dans le sommeil, c’est cet abandon, l’effet de surprise aussi, elle ne sait jamais ce qu’elle va vivre… Comme des trains qu’elle prend sans vraiment savoir où ils la mèneront.

Il lui arrive de cauchemarder, c’est rare, et souvent dans ce cas là, elle se réveille rapidement.

Elle pense que le sommeil est comme une immense bibliothèque où le soir elle trouve au hasard des livres qui l’emmènent ailleurs, à la découverte toujours…

mardi 6 octobre 2009

Pas que beau...

(Merci à Philippe pour ses photos qui me parlent tant)

Ne pas trop s’avancer,
Observer,
Mikado de la vie,
Le bateau qui passe…
Tentation de s’approcher
Sans rien faire bouger,
Au cas où…
Les œillères sont de bois,
Mais le cadre est posé,
Le bateau passe encore,
Plus vite,
Semble-t-il…
Relativité…
Encore un pas de plus…

L’horizon se dégage,
Il est juste doublé,
D’un autre un peu plus vague…
Par peur de se noyer…
Elle prend un peu de recul…
Elle observe cette fois,
Que les ombres mouvantes,
Sur le sable échouées
Semblent s’embrasser,
Retrouvailles agréables,
Et plutôt rassurantes…
Assise sur un ballon,
Qui se prend pour la terre,
Elle se statufie
En fermant les paupières,
Rêvant d’une croisière
Qu’elle n’osera jamais faire…

vendredi 2 octobre 2009

Un peu "à côté d'mes pompes"...

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Un peu « à côté d’mes pompes »…
Une sorte de légère accalmie
Qui finalement me perturbe…
Besoin de retrouver
Mes marques
Sans doute…
Les mots semblent
S’être absentés…
Ils doivent se reposer
Eux aussi…
Je ne ferme pas la porte,
Je vais revenir
Par la fenêtre…
Dès que l’envie sera là…