dimanche 3 février 2008

Délicieux quatre mains (1)

Le début d'une histoire écrite à quatre mains, comme une partition partagée, comme des notes qui en entrainent d'autres, ce texte ne m'appartient pas, nous l'avons composé à quatre mains, je le publie mais le dédie à celui qui l'a écrit avec moi, par mails échangés, comme un jeu de mots, un bel échange... Merci à Lui... Sincèrement.

Quand je regarde nos mains, paume contre paume, puis qui se prennent après s’être cherchées, j’éprouve un ravissement. Jamais je n’aurais pensé que nous nous trouverions, que nos corps, après nos âmes, trouveraient le chemin l’un de l’autre.

Tout avait commencé assez mal. J’avais appelé un éditeur pour me plaindre de la manière dont était imprimée une œuvre pour moi majeure. Renvoyé de service en service, je m’étais retrouvé avec une voix féminine, assez ferme, un peu grave, peut-être voilée par la fréquentation de la fumée de tabac, une voix qui me répondit qu’elle pouvait me proposer un rendez-vous le vendredi suivant à 18h45 au secrétariat de Madame A. pour discuter de mes propositions en matière de mise en pages et de packaging. Et, avant même que je réponde que je n’étais pas libre et que l’on ne pouvait pas disposer de mon temps avec un tel mépris, tu avais raccroché. Bien sûr, je me suis libéré : je me sentais provoqué, et j’avais décidé de dire ce que je pensais à cet adjudant !
Le vendredi, le livre en question en main, j’arrivai avec dix bonnes minutes d’avance. On me fit patienter. « Madame Z., l’assistante de Madame A., va vous recevoir dans cinq minutes. Elle est en rendez-vous avec un auteur. » Vingt bonnes minutes plus tard, le fameux auteur – un présentateur crétin de variétés sur TF1 – sortait, faisait la bise à je ne sais qui, je ne voyais pas, puis dirigea sa prétention à deux balles jusqu’à la porte qu’il ne ferma pas, ce qui me permit de l’entendre dragouiller la personne qui m’avait reçue. Il l’aurait prise sur son bureau que cela ne m’aurait pas étonné, si cette même personne n’était apparue très rapidement pour m’introduire chez Madame Z., toi. En même temps qu’elle m’accompagnait, je me fis la remarque que son empressement lui permettrait certainement de faire disparaître le dernier empêcheur de baiser en rond les secrétaires stagiaires en fin de journée sur leur lieu de travail par une célébrité digne des animations d’hypermarché.
Tu portais un parfum frais, aux arômes d’agrumes. Tu me regardas directement, directivement, un peu comme un cocher devait fouetter un animal têtu qui refuse d’avancer. Tu me fis asseoir, et je ne pus m’empêcher de regarder tes jambes, certainement pour me détendre – j’aime les jambes des femmes, parce qu’à partir d’elles j’imagine ce que je ne vois pas, et je commence à fantasmer… sauf que tu me dis sévèrement : « Bon, alors Monsieur U, qui êtes-vous pour vous permettre de critiquer la collection dans laquelle est paru ce roman ? » Et elle me le montra. J’ai commencé par me lever, et montrer le laisser-aller des marges mal calibrées, la police discutable… Elle me demanda de me rasseoir. Je refusai. Elle me fit sortir. Tout cela ne dura pas plus de deux minutes. La stagiaire n’était plus là ; mon hypothèse à son propos se révélait, en partie au moins, fausse. J’étais en colère.
Je m’assis sur un banc, devant l’immeuble où se trouvait la maison d’édition. Je regardais pendant une dizaine de minutes les voitures, les passants, les pigeons, le trottoir, pour faire retomber un peu la pression.
Madame Z. – toi – sortit et passa devant moi. Jolie démarche, jolie jambe, petite mais jolie silhouette. Et soudain…

2 commentaires:

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit…

alors, cette merveilleuse histoire si bien raconté qu'on le sent comme si on serait dans le peau de narrateur - est vrai?

et la suite?

Kat Imini a dit…

Sourire Julie, j'aime vos questions autant que vos commentaires, pleines de curiosité, d'intérêt... De plus, vous me faites revenir sur un texte publié au tout début. En fait, oui c'est un texte écrit réellement à quatre mains, comme un jeu, comme un amour des mots partagés. Il y a effectivement une suite, mais une fois publié le (1) j'ai eu la sensation, même si je n'ai jamais croisé les deux autres mains, si ce n'est pas des textes échangés, et que j'avais publié bien sûr avec leur autorisation, que ces textes étaient personnels, mais peut être après votre "et la suite ?", qui sait...
Merci en tous cas.