vendredi 8 février 2008

Je la croisais dans un bar...

Je la croisais dans un bar. J’avais échoué là, après une journée d’échecs. J’étais fatigué, les traits marqués, très marqué. Un dernier verre, pourquoi pas ? Finir sur un choix réalisable avant d’aller dormir. Je la vis de suite, perdue dans ses pensées, ancrée au zinc de ce bar comme à une ancre la maintenant. Là, maintenant, à cet instant, nos regards se croisèrent. Nos yeux s’accrochèrent et nos sourires se répondirent, naissant doucement au bord de nos lèvres, mutuellement, doucement, notre rire naquit de concert. Je me levais, m’approchais, presque tendrement, pour ne pas faire fuir ce rêve éveillé. « J’ai envie de vivre cette nuit avec amour, positivement, j’ai envie de vivre une nuit d’amour, inattendue, inespérée, j’ose le dire, j’ai envie de votre sourire, j’ai envie de vos yeux, j’ai envie de Vous, j’ai envie de Nous ». J’avais enchaîné les mots, sans réfléchir, spontanément, me laissant dire sans réfléchir. Elle allait me prendre pour un fou, un pervers, un pur consommateur. Elle me regardait effrontément, elle allait me jeter, me renvoyer dans mon monde. Elle sourit imperceptiblement, comme un aveu silencieux et me dit : « Curieusement, à l’instant où je vous ai vu, j’ai pensé, il pourrait m’emmener, me faire vivre une nuit inattendue, mais cela n’arrivera jamais. Même si je me surprends moi-même, emmenez moi, je veux vous suivre ».
Nous sommes partis, contre tout attente, main dans la main, nos pas pressés se trouvant dans un même élan. Je la regardais, je la découvrais, au fil des lumières accordées par la nuit. Un réverbère, sa bouche, un réverbère, ses jambes. Je perdis patience. Je l’arrêtais, lui prit la tête entre mes mains, mes yeux plantés dans les siens. Je sentais une chaleur m’envahir, un désir montait entre nous. Elle rougit, me prit la main posée sur sa joue gauche et l’embrassa. Elle me défiait du regard, viens, ose, semblait-elle dire. Elle prit l’initiative de poser ses lèvres dans mon cou, comme une offrande. J’avais envie que cette découverte de l’autre nous amène ensemble jusqu’au petit matin, à l’aube. Je ne la prendrais pas, elle me prendrait. Je le savais…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Un rêve éveillé.
Un rêve éveille, eh !
Touché en plein cœur, par deux somnambules qui sortent du réel pour le trouver là où ils ne l'attendaient plus, mais le désiraient.
De l'art d'émouvoir en montrant le temps qu'on laisse passer sans lui donner l'occasion de s'emplir avec ardeur.

Kat Imini a dit…

Nous avons parfois le tort de remplir le temps d'attentes. Comme dit l'adage connu, "il vaut mieux vivre ses rêves que rêver sa vie". Merci pour vos mots partagés.

Anonyme a dit…

Merci pour vos mots donnés.