jeudi 15 mai 2008

La Dame de l'échiquier...

Elle dormit mal, même si le bain l’avait apaisée. Elle se réveillait, ne cessant de cogiter. Elle se sentait si dépendante de lui, non pas financièrement, non pas qu’elle soit en incapacité de se débrouiller seule, bien au contraire.

Elle avait juste compris, perçu, qu’Il était ce qu’elle aimait le plus et que son amour ne tenait pas à des considérations extérieures. Elle aimait ce qu’Il était, ses qualités, ses défauts, sa tendresse, ses colères, ses attentions, ses absences même. Elle aimait tout de Lui

Elle avait la sensation qu’elle ne pourrait jamais le rayer de son monde. Qu’Il pourrait même faire sa vie ailleurs, elle serait toujours là. Non pas en subissant, juste en ayant conscience qu’Il lui était précieux, indispensable.

C’est l’être qu’Il était qu’elle aimait. Chacun étant unique, elle savait que son attachement ne cesserait jamais.

Elle finit, en milieu de nuit, à en être heureuse. Elle se dit que peu de personnes avaient la chance de croiser un alter ego, et surtout de le reconnaître, de prendre conscience que l’amour n’était pas un contrat, une position sociale, une vie formatée.

L’amour est un sentiment qui amène au partage, à l’empathie, à la perception que l’autre est Autre, dans le sens profond du terme.

Elle se décida à se lever. Elle se prépara un petit déjeuner copieux, elle prit son temps.

Elle se revoyait la veille comme dans un film qu’elle se repassait pour épier ses propres réactions.

Juste après avoir écouté son répondeur, elle s’était arrêtée dans le hall devant sa grande glace qu’elle aimait tant, elle revoyait son image, les traits durs, revanchards, les pieds posés sur l’échiquier de sa vie, elle semblait forte, défiante, sûre d’elle, semblant Lui dire « je t’en veux, tu me fais du mal, tu ne m’auras plus ».

La nuit lui avait porté conseil, elle avait réussi à sortir d’un mode de relation fusionnelle qui ne faisait que l’empoisonner. Elle s’était réappropriée sa propre vie. Maintenant, elle était prête à vivre autrement…

4 commentaires:

Rom a dit…

Pourquoi l'amour, tout comme la mort, me semblent bien plus belles en parcourant certains écrits, dont celui-ci, ou lorsqu'elles sont imagées sur un écran?
Le rêve nait-il de la réalité ou bien est-ce l'inverse?

Kat Imini a dit…

Bonsoir Rom, ravie de te relire. Peut-être la beauté nous apparait-elle plus clairement lorsque l'on prend le temps de s'arrêter. Les mots sont comme des pas vers le ressenti, l'image quand elle nous parle est comme une phrase, l'amour ou la mort quand on les "vit" sont comme des livres dont on n'aurait le temps que d'apercevoir la couverture...

Rom a dit…

Bon*o*r Kat
Ce que tu dis est juste mais, en ce qui me concerne, il y a autre chose.
Les mots sont comme un rêve sublimant la réalité. Nés d'elle, ils s'en éloignent, coupent le cordon ombilical et flottent, libres de toute pesanteur.

Kat Imini a dit…

Sourire Rom, oui tu as raison "aussi",les mots embellissent, temporisent, regardent, se retournent, ils prennent leur temps, ce que nous ne faisons pas toujours dans l'élan de l'action, de la vie...