jeudi 22 mai 2008

Hypothèses sur lunettes noires...

Une seule certitude, a priori, elles appartiennent à une femme.

Où est-elle ? Diamétralement opposée à la prise de vue autour de cette table ? Est-elle là ou déjà partie ? Elle a pu les oublier… Sinon, si elle est en présence, peut-être s’est-elle accordée une pause à une terrasse de café… Habite-t-elle cette ville ou n’est-elle que de passage ? Quel âge a-t-elle ? Comment est-elle ? Brune, blonde, rousse… Qu’importe…

Je l’imagine assise devant un verre, son visage sans doute à l’abri du soleil, elle regarde le spectacle de la rue, la comédie humaine en mouvement. Elle s’étonne de voir passer devant elle tant de gens différents… par leurs physiques. Elle se dit qu’il n’y a pas que cela, l’apparence. Elle se dit qu’elle pourrait voir passer plusieurs « clones » en aspect, ils n’auraient pas la même démarche, les mêmes rictus, les mêmes réactions. Elle s’émerveille de la diversité qui renvoie à l’unique. Elle voit l’invisible…

Elle s’amuse des scènes qu’elle observe d’un œil détaché, il est toujours plus simple d’être spectateur plutôt qu’acteur. Elle aime ce grouillement d’humains. Parfois elle assiste à de petites scènes qui, en revanche, manquent d’humanité ; des réactions impulsives, infinitésimales, mais violentes, des regards durs jetés entre inconnus…qui s’en veulent terriblement semble-t-il… Elle observe et s’indigne…

Elle surprend aussi parfois des sourires de connivences, fugaces mais si précieux, des « merci », des « vous êtes belle ou beau», des « passez, je vous en prie ». Elle observe et goûte…

Peut-être mon imagination lui vole-t-elle son histoire ?...

En fait, elle pourrait être plongée dans un livre, accrochée par les mots d’une vie donnée en pâture ou en cadeau, une biographie d’un personnage qui la touche ou, qui sait, est-elle dans « l’obligation » de finir ce roman policier qui la tient en haleine, elle veut savoir qui est l’assassin… L’a-t-elle démasqué depuis le début ou s’est-elle fourvoyée ?... Elle ne voit même pas la rue, même pas la table, elle ne voit que son livre… Elle est ailleurs…

Elle pourrait aussi attendre quelqu’un, un amour ou un possible amour ou un rendez-vous d’un soir. Dans ce cas, elle est dans l’expectative, elle guette, elle regarde d’un côté et de l’autre, elle ne visualise personne en fait, si ce n’est parfois une silhouette qu’elle croit reconnaître au loin, et qui, à portée de vue, se noie dans la masse des quidams. Elle est sélective dans ses perceptions, elle filtre et ne retient que ce qui pourrait répondre à ce qu’elle attend… Elle est dans son monde…

Peut-être, en fait, avait-elle juste soif après une journée de ballade, de musées, de shopping… Elle s’est assise, a posé ses lunettes de soleil… Elle se repose juste…

Marie m’a offert cette photo, que j’ai trouvée très belle…J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce qu’elle me racontait…

4 commentaires:

Unknown a dit…

Attentes, regards, observations....tout est dit, mon monde, un monde....ailleurs.
Merci de comprendre sans dire et de dire sans juger.
Marie

Kat Imini a dit…

Marie, que de compliments sur un texte qui n'a �t� inspir� que par ta photo, sur un lien qui a �t� tiss� � quatre mains, je t'embrasse.

Anonyme a dit…

Autre hypothèse :
A l'ombre d'un arbre...accessoire devenu inutile, elle peut enfin contempler la vie à pleine vue.

Kat Imini a dit…

Oui Furtive, elle a pu aussi laisser tomber l'accessoire pour ne se consacrer qu'à l'essentiElle.