mercredi 14 mai 2008

Elle venait de rentrer...

Épuisée d’une journée sans intérêt, passer à supporter les humeurs de ses collègues de travail, des clients revendicatifs, du téléphone qui ; dès qu’elle reposait le combiné, se remettait à sonner.

Elle était fatiguée, vidée de toute substance.

Et maintenant, chez elle, elle n’attendait qu’une chose, plutôt une voix.

Elle avait consulté son répondeur, après l’avoir vu clignoter avec plaisir. Trois messages, un suspense qui s’amenuisait au fil de leur écoute. Sa meilleure amie qui venait prendre de ses nouvelles. Elle devait sans doute s’inquiéter pour elle. C’est vrai qu’elle ne sortait plus, ne contactait plus personne. Le deuxième message émanait de son conseiller bancaire qui souhaitait la voir rapidement, « Pas moi » se dit-elle. Le troisième message ne lui laissa dans l’oreille qu’un sinistre « bip bip bip ».

Elle se décida à prendre un bain…


Mais avant, elle posa sur sa « vieille » platine un disque qu’elle affectionnait particulièrement « The lamb lies down on Broadway ». Il l’avait suivie à travers le temps. Elle l’avait usé dans son adolescence, seule dans sa chambre, chantant inlassablement les paroles. Cette incessante répétition de mots en anglais lui avait permis d’obtenir de bonnes notes à l’oral du bac, rien ne se perd…

Et puis, un jour, elle avait eu envie de Lui faire partager son trésor.

C’était devenu leur disque fétiche. Ils l’écoutaient régulièrement, elle prenait plaisir à constater qu’elle pouvait maintenant et encore chanter intégralement toutes les paroles, sa mémoire les avait rangées soigneusement, sans qu’elle n’en ait vraiment conscience. A la première note d’un morceau, les mots lui venaient spontanément à la bouche. Lui prenait plaisir à venir les saisir de la sienne.

Trois jours qu’elle n’avait aucune nouvelle…

Elle monta le son, prit son peignoir, deux bougies. Sa salle de bain donnait sur son salon, elle ouvrit la porte pour mieux entendre, alluma les deux bougies, les posa sur le bord de la baignoire et fit couler l’eau bien chaude. Elle hésita et finit par choisir un bain moussant au thé vert, apaisant. La mousse se formait en surface sous la force de l’eau qui se déversait, un nid douillet où elle allait se glisser.

Elle aimait cette sensation, quand son corps, en s’allongeant, perçait le mystère de ces bulles accolées l’une à l’autre, pour percevoir ensuite la chaleur de l’eau, la mousse se refermant ensuite autour d’elle comme un cocon protecteur.

Elle s’étira, ferma les yeux et se mit à fredonner « There’s Howard Hughes in Blue Suede shoes smiling at the majorettes smoking Winston cigarettes, and as the song and dance begins the children play at home, with needles, needles and pins ».

Elle venait d’oublier qu’elle était triste, en manque de Lui. Elle avait juste pris soin d’elle, et demain il ferait jour…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le bain salvateur....
No comment.
Je t'embrasse ma Kat
Une anonyme.

Kat Imini a dit…

Sourire, l'eau lave et la mousse mousse, no comment (même pas vrai !) Je t'embrasse mon Anonyme préférée.