samedi 31 mai 2008

Différences...

Certains se ressemblent beaucoup,
Et cependant, ils ne sont pas totalement semblables…
Presque tous pareils, presque…
Sauf un,
Dont la différence saute aux yeux…
Il n’aura pas la même place,
Pas le même usage…
Il semble exclu d’avance,
Allégorie du « Vilain petit bouton »…
Il finira pourtant peut-être
Sur un fil d’argent…
Embellissant le cou de celle
Qui l’aura discerné parmi la multitude…
Le sauvant à jamais de l’inDifférence…

vendredi 30 mai 2008

Regard d'enfance...

Comme un sourire qui n’arrive pas à percer.
Elle est dans ses pensées.
Elle semble bouder,
Mais ses grands yeux la disent triste.
La solitude l’accompagne souvent,
Elle fait front comme elle peut.
Elle se rend utile, rend service,
Tente de rassurer, par sa bienveillance et sa bonne humeur,
Les adultes qui l’entourent
Et la submergent de leurs propres angoisses.
Elle est éponge, perçoit les ambiances lourdes,
Elle se fait grande pour se sentir forte.
Elle aime bien parfois s’évader,
Alors elle s’imagine ailleurs,
Elle se raconte des histoires dans sa tête,
S’invente presque un autre monde,
Où elle serait une petite fille,
Légère comme un papillon,
Elle se prend par la main
Et part en sautant sur un pied
Vers le paradis de sa marElle…

jeudi 29 mai 2008

Têtes de caboche...

Cette expression, je la ressens presque comme un surnom…
Depuis toute petite, je l’ai souvent entendue.
C’est vrai, je le reconnais, je suis têtue.
Le problème,
En fait, ça n’en est pas un,
C’est que lorsque vous tentez de convaincre une têtue qu’elle l’est…
Ou surtout de lui faire reconnaître…
En toute logique,
Elle s’obstine à vous dire « Non ! »
Avec toute sa vigueur et sa force de persuasion…
C’est l’auto-allumage.
J’avoue parfois m’amuser à me regarder réagir.
Je sens la première dent de l’engrenage…
Et parfois les heures tournent.
Pour que les aiguilles s’immobilisent,
Il faut que « l’adversaire » soit suffisamment habile
Pour déminer le terrain.
Dédramatiser, mais pas trop,
Sinon, il se moque,
Maîtriser, mais pas trop,
Sinon, il manipule…
A bon dosage, je lâche et ris bien souvent,
A mauvais dosage, je m’entête encore plus…
Un art subtil
Le désamorçage des « têtes de caboche »…

mercredi 28 mai 2008

Une aiguille dans une botte de foin...

La chercher est compliqué,
Long,
Presque sans espoir…
Mais qui sait…
L’expression éclaire la situation…
Décourage même d’essayer.
A moins que…
C’est un peu comme la quête printanière
Du fameux trèfle à quatre feuilles…
Qui est censé porter chance…
En fait, la chance c’est de le trouver,
Après, rien n’est promis.
Nous sommes tous
Une aiguille dans notre botte de foin,
Un trèfle à quatre feuilles dans notre pré,
L’important est de se chercher,
Et surtout de se trouver…

lundi 26 mai 2008

Esprits d'ouvertures...

(photo de Marie, merci... )
Mur végétal,
La ville qui se « naturalise »,
Devient plus vivante,
Les façades se transforment avec les saisons,
Fleurissent,
Mieux qu’un crépi qui ne cache que la misère du béton.
Besoin de vert, sortir du gris,
Redonner une place à l’indomptable,
Au vrai.
Les fenêtres se fraient un chemin,
La vigne vierge prend le dessus,
L’Homme chercherait-il son paradis perdu ?
Perdu, par orgueil ou nécessité…
Trouver peut-être un modus vivendi,
Faire bien avec,
Voir et respecter l’autre.
Un art à redécouvrir,
A tous les niveaux.
Pour la Terre, on appelle ça,
Le développement durable,
A adapter je pense
Aux relations humaines…
C’est bien non de les développer durablement… ?

dimanche 25 mai 2008

Ouvertures d'esprits...

Fenêtre sur jardin,
Pierres qui demeurent,
Qui pourraient, douées de parole,
Nous raconter l’histoire,
La vie des gens qui ici ont vécu.
Que d’instants abrités,
Bonheurs et malheurs,
Sans doute…
Les objets nous entourent,
Nous survivent souvent.
Ils restent les témoins silencieux,
Ceux qui ne livreront pas les secrets.
La maison est en ruine,
Délaissée, volontairement ou non,
Mais entourée d’herbe vivace et de fleurs à ses pieds.

Fenêtre murée,
Façade aveugle, son œil a été obstrué.
Le toit a rendu l’âme, plus trace aucune.
La végétation reprend le dessus,
Digère le passé,
Le lierre s’agrippe,
Se hisse,
Enserrant dans ses griffes,
Des pierres qu’il usera au fil du temps.
La nature reprend ses droits,
Elle efface pour permettre le recommencement.
L’hiver qui amènera le printemps…
Le « re nouveau »…

samedi 24 mai 2008

Au-dessus des nuages...

Vous est-il arrivé un matin brumeux,
De partir pour l’aéroport.
Le temps est gris, le plafond bas,
Un peu morose tout ça…
Puis l’avion décolle…
J’aime ces instants,
Une puissance qui vous colle au siège,
Les roues qui frottent encore le sol,
Et soudain,
Vous vous sentez décoller,
Physiquement,
Décrocher de l’asphalte,
Magique…
Et de palier en palier,
Il arrive parfois que vous passiez au-dessus des nuages,
Une mer blanche avec à l’horizon
Un soleil qui brille ardemment.
Vous seriez restés en bas,
Vous ne l’auriez jamais su…
J’essaie souvent mentalement,
De prendre de la hauteur,
Par rapport aux soucis,
Non seulement,
Le ciel est plus clément,
Mais en plus,
Ils paraissent plus petits…

vendredi 23 mai 2008

La petite porte...

Elle peut prendre plusieurs tonalités… Comme souvent…

Soit, nous sommes forcés, contraints de passer par elle, empêchés d’emprunter la grande entrée… Sorte d’humiliation « Baisse toi pour pouvoir entrer dans mon monde, tu sais déjà, je t’ai prévenu que tu devras te maltraiter pour m’approcher… ».

Cela me rappelle une visite qui m’a marquée… Celle de la maison de Gabriele d’Annunzio au bord du lac de Garde. Lieu magnifique s’il en est. Plantée sur les hauteurs, une demeure très spéciale avec un mausolée érigé à sa propre gloire par le propriétaire des lieux, un tombeau prémédité où il séjourne encore (je n’ai pas envie d’écrire « repose »).

Je me souviens, durant le périple dans ce monde parallèle, d’une porte dont le linteau avait été volontairement abaissé. Elle donnait accès à son laboratoire, il indiquait clairement dans ses écrits que celui qui rentrerait en ce lieu devrait consentir à « s’abaisser » pour contempler son œuvre. Je suis certaine que beaucoup se sont exécutés, presque avec plaisir, pour faire partie de la « cour ». Malheureusement, parfois, ce n’est pas un choix, mais plutôt une obligation, il faut en passer par là.

La petite porte peut aussi ne pas être machiavélique, mais précieuse… Elle peut avoir choisi cette dimension pour ne pas être trop vue… Elle demande à être imaginée, elle ne s’offre pas facilement. Elle se « mérite » dans le sens « si tu me cherches, tu me trouves ». Elle me fait penser à celle qui existe parfois à l’arrière des théâtres, l’entrée des artistes… Une petite porte qui mène à un monde de rêves, d’imagination, de création… Petite, discrète, contraignante, mais elle porte…

jeudi 22 mai 2008

Hypothèses sur lunettes noires...

Une seule certitude, a priori, elles appartiennent à une femme.

Où est-elle ? Diamétralement opposée à la prise de vue autour de cette table ? Est-elle là ou déjà partie ? Elle a pu les oublier… Sinon, si elle est en présence, peut-être s’est-elle accordée une pause à une terrasse de café… Habite-t-elle cette ville ou n’est-elle que de passage ? Quel âge a-t-elle ? Comment est-elle ? Brune, blonde, rousse… Qu’importe…

Je l’imagine assise devant un verre, son visage sans doute à l’abri du soleil, elle regarde le spectacle de la rue, la comédie humaine en mouvement. Elle s’étonne de voir passer devant elle tant de gens différents… par leurs physiques. Elle se dit qu’il n’y a pas que cela, l’apparence. Elle se dit qu’elle pourrait voir passer plusieurs « clones » en aspect, ils n’auraient pas la même démarche, les mêmes rictus, les mêmes réactions. Elle s’émerveille de la diversité qui renvoie à l’unique. Elle voit l’invisible…

Elle s’amuse des scènes qu’elle observe d’un œil détaché, il est toujours plus simple d’être spectateur plutôt qu’acteur. Elle aime ce grouillement d’humains. Parfois elle assiste à de petites scènes qui, en revanche, manquent d’humanité ; des réactions impulsives, infinitésimales, mais violentes, des regards durs jetés entre inconnus…qui s’en veulent terriblement semble-t-il… Elle observe et s’indigne…

Elle surprend aussi parfois des sourires de connivences, fugaces mais si précieux, des « merci », des « vous êtes belle ou beau», des « passez, je vous en prie ». Elle observe et goûte…

Peut-être mon imagination lui vole-t-elle son histoire ?...

En fait, elle pourrait être plongée dans un livre, accrochée par les mots d’une vie donnée en pâture ou en cadeau, une biographie d’un personnage qui la touche ou, qui sait, est-elle dans « l’obligation » de finir ce roman policier qui la tient en haleine, elle veut savoir qui est l’assassin… L’a-t-elle démasqué depuis le début ou s’est-elle fourvoyée ?... Elle ne voit même pas la rue, même pas la table, elle ne voit que son livre… Elle est ailleurs…

Elle pourrait aussi attendre quelqu’un, un amour ou un possible amour ou un rendez-vous d’un soir. Dans ce cas, elle est dans l’expectative, elle guette, elle regarde d’un côté et de l’autre, elle ne visualise personne en fait, si ce n’est parfois une silhouette qu’elle croit reconnaître au loin, et qui, à portée de vue, se noie dans la masse des quidams. Elle est sélective dans ses perceptions, elle filtre et ne retient que ce qui pourrait répondre à ce qu’elle attend… Elle est dans son monde…

Peut-être, en fait, avait-elle juste soif après une journée de ballade, de musées, de shopping… Elle s’est assise, a posé ses lunettes de soleil… Elle se repose juste…

Marie m’a offert cette photo, que j’ai trouvée très belle…J’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce qu’elle me racontait…

mercredi 21 mai 2008

Un chien de ma...

Un chien de ma vie en fait.
Objet de mon attachement…
Je l’ai trouvé un jour,
Déniché, devrais-je dire…
Dans le grenier familial, ancestral,
Juste avant qu’il ne parte, avec le reste,
Soit chez un antiquaire,
Au pire à la décharge….
Je vais vous donner quelques éléments de représentation,
Il mesure environ dix centimètres de long,
Sur environ huit centimètres de haut.
Il doit peser dans les huit cents grammes,
Lourd dans la main,
Pour le volume qu’il occupe…
J’ai donc supposé qu’il était en fonte…
Toute cette introduction,
Juste pour vous dire,
A quel point il m’est précieux,
Comme une racine,
Comme un chien de garde.
Un totem, un gri-gri, une amulette…
J’aime qu’il soit puissant,
Ses bajoues tombantes,
Force tranquille,
Campé,
Apparemment imperturbable,
Mais sans animosité…
Il me va bien.
Je le touche souvent,
Comme pour me rappeler…
Que nous sommes si peu…
Au hasard de la vie et des rencontres…
Et tant à la fois…

mardi 20 mai 2008

Apparences...

Semblant d’un autre temps…
IntemporElle…
Les cheveux légèrement crantés,
L’œil résillé…
Le regard ambigu,
Mi crainte, mi défi ;
A-t-elle pris la mouche...
Entre nez et bouche ?
Les lèvres entrouvertes,
Les dents presque serrées,
Elle ne dit mot…
Consent-elle ?
Altière, et pourtant son cou à fleur de peau…
Ambiguïté d’une certaine arrogance affichée…

lundi 19 mai 2008

Il était une fois...

Une plongée de verdure enserrée de pierres, fleurie à son entrée.
Attirée par les unes et les autres,
Je ressens une envie d’y plonger,
Sans vraiment savoir où aller,
Juste y plonger, découvrir….
Je m’assois sur les marches et imagine…
Je descends pas à pas,
M’arrêtant à chacun d’entre eux,
Pour voir, autrement, à nouveau ce qui m’attend,
Je change de point de vue…
Cette porte à droite, où mène-t-elle ?
A priori, entre quatre murs,
Je ne la pousserai pas.
Le feuillage en massif au pied du portillon me semble de bon augure,
Un bouquet de plus de bienvenue…
Au-dessus de la barrière qui ne demande qu’à s’ouvrir,
Des rideaux de vigne vierge qui s’embrasent naturellement,
Je pousse de ma main ce qui me sépare encore,
Le grincement suscité me confirme...
Que je suis attendue depuis longtemps.
L’arche et le portillon…
Me font penser à l’archet et au violon…
Dont le maniement et l’apprentissage
Sont parait-il très longs et souvent ingrats…
Il faut accepter les « couacs », les dépasser,
Continuer d’avancer, se perfectionner,
Je me fais mon école buissonnière…

dimanche 18 mai 2008

Y a pas d'lézard...


La vie est belle,
Pleine de surprises, de moments inattendus…
De douceurs à savourer,
De joues à embrasser,
De regards croisés, avec l’étincelle magique…
Tilt,
Touchée mais pas coulée,
Bien au contraire.
J’aime ces instants où le cœur vibre,
Où le sourire se pointe encore plus sur mes joues,
Eclaire mes yeux…
J’aime quand la vie se voit, se perçoit,
J’aime l’inattendu,
L’instantané percutant,
Non pas violent,
Celui qui fait frissonner,
Sentir chaque pore de ma peau se dresser,
Pour encore mieux percevoir…
J’aime le ressenti qui se vit,
Se goûte, se savoure,
Comme une onde qui me parcoure
Et me confirme que demain encore,
Peut-être,
Sûrement,
Sans aucun doute…
Je me sentirai Vivre plus encore…

samedi 17 mai 2008

Ombres et lumière...

Sur un parterre verdoyant,
Une ombre contraste,
Droite, volontaire,
Elle donne à voir d’autres couleurs,
Nuance le décor…
Rend plus cru le vert,
Plus dur le vers aussi…
Elle s’impose en douceur, s’interpose.
Reflet non miroitant,
Elle donne le contour,
L’enveloppe…
L’intérieur se confond avec la nature,
Chasse le naturel, il se voit au soleil.
Le plein n’engendre pas le vide…
Homme végétal,
Ramifié par sa sensibilité,
Il se murmure…
A mots couverts,
De lierre…
(Merci pour cette très belle photo)

vendredi 16 mai 2008

Le retour de l'iris...

Je n’ai pas pu résisté,
L’iris est de retour,
L’iris sauvage cette fois…
Une botte née en bord de rivière,
Bravant le courant,
Fleurissant la berge…
Envie de jouer à la marelle dans ce cours d’eau,
De bondir en chantonnant de pré émergé en pré émergé,
Envie de bonheur d’enfance…
Les rives, sauvages et cependant accueillantes et tendres,
L’eau qui se glisse voluptueusement dans son lit,
Quelle tendresse…
J’aurais envie de m’y noyer sans en mourir…
Résurgence de la source qui part braver l’océan…

jeudi 15 mai 2008

La Dame de l'échiquier...

Elle dormit mal, même si le bain l’avait apaisée. Elle se réveillait, ne cessant de cogiter. Elle se sentait si dépendante de lui, non pas financièrement, non pas qu’elle soit en incapacité de se débrouiller seule, bien au contraire.

Elle avait juste compris, perçu, qu’Il était ce qu’elle aimait le plus et que son amour ne tenait pas à des considérations extérieures. Elle aimait ce qu’Il était, ses qualités, ses défauts, sa tendresse, ses colères, ses attentions, ses absences même. Elle aimait tout de Lui

Elle avait la sensation qu’elle ne pourrait jamais le rayer de son monde. Qu’Il pourrait même faire sa vie ailleurs, elle serait toujours là. Non pas en subissant, juste en ayant conscience qu’Il lui était précieux, indispensable.

C’est l’être qu’Il était qu’elle aimait. Chacun étant unique, elle savait que son attachement ne cesserait jamais.

Elle finit, en milieu de nuit, à en être heureuse. Elle se dit que peu de personnes avaient la chance de croiser un alter ego, et surtout de le reconnaître, de prendre conscience que l’amour n’était pas un contrat, une position sociale, une vie formatée.

L’amour est un sentiment qui amène au partage, à l’empathie, à la perception que l’autre est Autre, dans le sens profond du terme.

Elle se décida à se lever. Elle se prépara un petit déjeuner copieux, elle prit son temps.

Elle se revoyait la veille comme dans un film qu’elle se repassait pour épier ses propres réactions.

Juste après avoir écouté son répondeur, elle s’était arrêtée dans le hall devant sa grande glace qu’elle aimait tant, elle revoyait son image, les traits durs, revanchards, les pieds posés sur l’échiquier de sa vie, elle semblait forte, défiante, sûre d’elle, semblant Lui dire « je t’en veux, tu me fais du mal, tu ne m’auras plus ».

La nuit lui avait porté conseil, elle avait réussi à sortir d’un mode de relation fusionnelle qui ne faisait que l’empoisonner. Elle s’était réappropriée sa propre vie. Maintenant, elle était prête à vivre autrement…

mercredi 14 mai 2008

Elle venait de rentrer...

Épuisée d’une journée sans intérêt, passer à supporter les humeurs de ses collègues de travail, des clients revendicatifs, du téléphone qui ; dès qu’elle reposait le combiné, se remettait à sonner.

Elle était fatiguée, vidée de toute substance.

Et maintenant, chez elle, elle n’attendait qu’une chose, plutôt une voix.

Elle avait consulté son répondeur, après l’avoir vu clignoter avec plaisir. Trois messages, un suspense qui s’amenuisait au fil de leur écoute. Sa meilleure amie qui venait prendre de ses nouvelles. Elle devait sans doute s’inquiéter pour elle. C’est vrai qu’elle ne sortait plus, ne contactait plus personne. Le deuxième message émanait de son conseiller bancaire qui souhaitait la voir rapidement, « Pas moi » se dit-elle. Le troisième message ne lui laissa dans l’oreille qu’un sinistre « bip bip bip ».

Elle se décida à prendre un bain…


Mais avant, elle posa sur sa « vieille » platine un disque qu’elle affectionnait particulièrement « The lamb lies down on Broadway ». Il l’avait suivie à travers le temps. Elle l’avait usé dans son adolescence, seule dans sa chambre, chantant inlassablement les paroles. Cette incessante répétition de mots en anglais lui avait permis d’obtenir de bonnes notes à l’oral du bac, rien ne se perd…

Et puis, un jour, elle avait eu envie de Lui faire partager son trésor.

C’était devenu leur disque fétiche. Ils l’écoutaient régulièrement, elle prenait plaisir à constater qu’elle pouvait maintenant et encore chanter intégralement toutes les paroles, sa mémoire les avait rangées soigneusement, sans qu’elle n’en ait vraiment conscience. A la première note d’un morceau, les mots lui venaient spontanément à la bouche. Lui prenait plaisir à venir les saisir de la sienne.

Trois jours qu’elle n’avait aucune nouvelle…

Elle monta le son, prit son peignoir, deux bougies. Sa salle de bain donnait sur son salon, elle ouvrit la porte pour mieux entendre, alluma les deux bougies, les posa sur le bord de la baignoire et fit couler l’eau bien chaude. Elle hésita et finit par choisir un bain moussant au thé vert, apaisant. La mousse se formait en surface sous la force de l’eau qui se déversait, un nid douillet où elle allait se glisser.

Elle aimait cette sensation, quand son corps, en s’allongeant, perçait le mystère de ces bulles accolées l’une à l’autre, pour percevoir ensuite la chaleur de l’eau, la mousse se refermant ensuite autour d’elle comme un cocon protecteur.

Elle s’étira, ferma les yeux et se mit à fredonner « There’s Howard Hughes in Blue Suede shoes smiling at the majorettes smoking Winston cigarettes, and as the song and dance begins the children play at home, with needles, needles and pins ».

Elle venait d’oublier qu’elle était triste, en manque de Lui. Elle avait juste pris soin d’elle, et demain il ferait jour…

mardi 13 mai 2008

Qui l'eut "crue"...

Le temps passe…
Les barrières infranchissables ne le sont plus,
Elles balisent d’anciens chemins qui n’en sont plus,
Non plus…
Tout baigne…
Sourire…
Prendre du recul chaque jour,
En imaginant ce qui sera un jour…
Etonnant comme raisonnement.
Mais je pense que la nature nous en apprend
Tous les jours…

lundi 12 mai 2008

L'iris persiste et signe...

Mais le saule pleure,
Heure après heure…
J’aime cet arbre qui ne renie pas ses émotions,
Qui les affiche, les « emblématise »,
La preuve, il en a construit son nom…
Il déborde, fulmine, répand,
Verse ses branches coulantes,
Il est impudique,
Il ose presque toucher ses racines, lui…
Il pleure quand il est triste,
Mais pleure de joie surtout,
Il est fulgurance qui retourne à la terre,
J’en ai vu un, un matin,
Racines en l’air, couché sur le flanc,
Abattu par un surplus de neige…
Et seule, j’ai pleuré…

Portée irisée...

Portée de ressentis agréables,
Odeurs, couleurs, chaleur….
Redécouvrir le sens simple de la vie,
Invitée par la nature,
A goûter un a un,
Mes sens.
Non pas comme un empire,
Mais, goutte à goutte,
Pétale à pétale,
Pistil à pistil,
L’iris écarquillé,
Pour voir encore et encore…

vendredi 9 mai 2008

Le silence offert...

Entendre le silence offert qui résonne,
Qui se donne à penser des plaies,
A retrouver un horizon de vues,
Sans cesse s'éloignant, sans cesse redonnant à poursuivre,
Plus loin, toujours plus loin, infiniment plus loin
Pour se rapprocher de plus en plus près de Soi,
Pour découvrir un "Autre", monde parallèle,
Avec qui tout devient fluide, rencontre de deux "Moi peau"
et enfin consentir à les laisser frissonner avidement.

jeudi 8 mai 2008

Couvre chef...

La couverture de la pensée tient chaud,
Elle dissimule, couvre, protège,
Elle empêche aussi,
Mais pour lire il faut être vivant,
Elle permet parfois de le rester.
Contraste et ambiguïté,
Couvrir n'est pas que protéger,
C'est cacher, ne pas montrer,
La palissade...
Sourire...

Empreinte...

Pour toutes celles et ceux
Qui trimbalent leur bleu à l'âme,
Mais ont l'oeil avide,
Quelle que soit la couleur,
Pour toutes celles et ceux
Dont les rêves leur font aimer l'aube qui se lève,
Pour toutes celles et ceux
Qui se donnent à leurs destins ressentis,
Pour toutes celles et ceux
Qui recherchent la pulsation de "leur sens",
Plus que la vie,
Pour toutes celles et ceux
Qui ne mot disent,
Mais s'insenbilisent pour espérer encore,
Pour toutes celles et tous ceux qui attendent,
Sans se résoudre, sans se brader,
Pour touTEs celles et ceux...

La presbytie de l'espoir...

Grand sujet...
Les bras semblant trop courts
Ou les espoirs trop lointains
Juste question de distance ?
L'espoir à portée de mains
Se prendre à bras le coeur
Tomber, se relever, réespérer,
Pas si simple, et pourtant...
A chaque fois, c'est si bon...

Pas rien...

Aimer sur soi les pas dérobés,
Pointés, donnés, glissés.
S'envolant, virevoltant, aériens.
Ballerine d'entrechats sauvages,
S'échappant de toute contrainte,
Pour encore mieux se réincarner,
Empreinte de vie laissée.
Traces digitales indélébiles,
Chemins creusés, sentes...
La peau en frissonne encore
Le corps en frissonne en peau...

Croquée...

Coups de crayon…
Coups leurres…
Pastels estompés,
Et son arrogance,
Sa bouche rouge,
Son regard défiant…
Sa tête, découverte,
Elle s’offre et se refuse,
Ses épaules nues, expressives,
Ses seins affleurant.
En appui sur ses mains,
Lionne impulsive,
Drapée de ses hésitations,
Elle se dévoile pour tant…
J’aime son port de tête,
J’aime ses douceurs tues,
Et ses cris silencieux…
Cette sensualité sans ostentation,
Qui appelle le croc et le qui… ?

mardi 6 mai 2008

Hommage discret...

Silhouette ondulante qui se projette.
Tout autant surprise que surprenant son ombre,
Prise en flagrant délire,
La fixer tangiblement.
Elle ose s’avancer loin, grandir au fil des heures…
Il faut la saisir, pour se convaincre.
S’en rasséréner
Pour ne plus craindre que le soleil se couche.
Cette ombre ne fait pas que passer,
Elle est l’image d’une sensibilité, d’une perception,
Qui n’appartient qu’à celui qui chinoise,
N’osant s’avouer que cette ombre est portée,
En attendant, il l’apprivoise pour mieux s’apprivoiser…

Ciel de mer...

Ou l’inverse…
L’un verse...
Dans l’autre…
La réalité et ses reflets se répondent,
Se superposent, se complètent presque.
Les nuages se « montagnent » et se dissolvent aussi…
Moutons égarés dans un champ de possibles,
En suspens.
Eclairés par le projecteur céleste.
Ils n’existent qu’hors de la masse.
Regroupés en troupeaux,
Ils seraient chape,
Supprimant toute luminosité, tout relief.
Tout n’est pas un,
Chaque un participe au tout…